vendredi 29 juillet 2011

Sur les traces de Maurice Pirenne (9)

La cour Bodeux

  

Le pastel la cour Bodeux vers 1923
derrière, en Crapaurue, on aperçoit la girouette aux armoiries des Franquinet du belvédère de la maison du juris-consulte Denis de Charneux habitée au XVIIIe siècle par les Franquinet.
Dans son ouvrage Les Constructions Verviétoises, paru en 1927, Pirenne signale que c'est dans cette maison que Milord Malborough, celui de la cèlèbre chanson, est venu se loger après la prise de la ville de Limbourg en 1703.
En 1934 cette maison est démolie et Pirenne espérait bien conserver la belle girouette au musée. Mais hélas, plutôt dégoûté, il a ajouté cette note manuscrite dans son exemplaire personnel des Constructions Verviétoises conservé au musée de Verviers : le nommé Xhrouet propriétaire de l'immeuble avait promis de donné la girouette au musée si un jour on démolissait la maison. Il s'est rétracté et n'a pas plus voulu la donner que pour 2300 francs. Mille francs lui ont été offert : il a refusé.






Un détail de la girouette, dessin au crayon de 1927 pour les Constructions verviétoises

coll. privées                                photos J. Spitz

samedi 16 juillet 2011

La Poubelle de Maurice Pirenne (4)






"Des pensées incongrues viennent trop souvent à propos de tout et de rien m'importuner. Je les griffonne sur des bouts de papier, puis je les jette dans une boîte qui se trouve près de mon fauteuil, et une fois cela fait, je me sens soulagé : je ne suis plus qu'un roseau. J'appelle la boîte ma Poubelle."



Les trois meilleurs tableaux du 19me siècle :

La Grande Jatte de Seurat



 La Balançoire de Renoir


Le Pauvre Pêcheur de Puvis de Chavannes



                                                                                                                    (Maurice Pirenne) 

dimanche 10 juillet 2011

La Poubelle de Maurice Pirenne (3)





"Des pensées incongrues viennent trop souvent à propos de tout et de rien m'importuner. Je les griffonne sur des bouts de papier, puis je les jette dans une boîte qui se trouve près de mon fauteuil, et une fois cela fait, je me sens soulagé : je ne suis plus qu'un roseau. J'appelle la boîte ma Poubelle."



Essayer de représenter ce que l'on regarde est le seul moyen d'apprendre à voir.

Faites-le, vous verrez...

                                                                                                                    (Maurice Pirenne) 

mardi 5 juillet 2011

Sur les traces de Maurice Pirenne (8)



Rue des Raines à Verviers




Le pastel  de 1928 Entrée de l'arvô Leveau, rue des Raines, maison de 1830 et son esquisse
(coll. privées)





                                                                                                                                  photos J. Spitz

samedi 2 juillet 2011

Georges LE BRUN, petite biographie (2)


La solitude et le silence sont des thèmes fondamentaux de l'univers de Le Brun. Le temps semble définitivement suspendu sur de petits mondes clos. Le personnage souvent solitaire et les objets semblent immobiles. Parfois une fenêtre apparaît comme le dernier lien avec le monde extérieur.



Ce tableau fut offert par GLB à Eugène Laermans en souvenir de leur escapade dans les Fagnes en mai 1895 en compagnie du critique d'art Sander Pierron



La composition de ses tableaux est construite avec une grande rigueur, tout élément anecdotique est éliminer pour faire place à l'essentiel. La composition, la mise en page d'un tableau sont choses capitales, explique-t-il. Ce n'est pas qu'il faille faire de jolis arrangements, disposer d'aimables accessoires, loin de là. Mais il faut dans la sobriété un équilibre tel qu'une oeuvre vous entre dans l'oeil sans que le poids d'un côté l'entraîne, sans que le souci de ce qui n'y est pas hante votre cerveau. Ce que peint un artiste doit être suffisant par son volume et sa signification pour que notre vue l'embrasse d'emblée, sans déchets.





En 1899 il travaille quelques temps à "la Patte de Dindon" à Bruxelles où il se lie avec Eugène Laermans et le critique d'art Sander Pieron. Il rencontre aussi Octave Maus qui l'invite à exposer à la Libre Esthétique en 1900 et 1903. Le Brun écrira plusieurs articles pour sa revue L'Art Moderne.
En 1900 il fait un voyage de trois mois et demi en Italie. Il s'enthousiasme pour les paysages Toscans et Paestum, mais il préfère sa Fagne. Tout ce voyage m'appris une chose, c'est que ce que je voulais, je le voulais bien. Je n'ai pas changé, ni dévié d'une ligne dans ma voie... Il y a plus d'âme et de coeur à Saint-Vith et à Wéris qu'à Saint-Marc et j'aime mieux y peindre.


Le Brun ne ramènera d'Italie que ce seul fusain de Florence.

Entre 1900 et 1904 Le Brun est en perpétuel mouvement entre Xhoffraix, Longfaye, Bruxelles, Thimister,  Paris où il séjourne de décembre 1903 à janvier 1904.
A Bruxelles il rencontre sa future femme Nathalie de Roissard qu'il épouse le 1er octobre 1904.


coll. privée France



Nathalie de Roissart à Sancourt (Nord-Pas-de-Calais) vers 1907

Après avoir travaillé quelques mois dans une entreprise de galvanoplastie en Allemagne à Limburg a.d. Lahn, Le Brun et son épouse louent à Theux le 10 août 1905 la belle maison du Grand-Vinave qui fait actuellement partie de l'Hôtel de ville. Cette vieille demeure l'enchante à tel point qu'il finit par en devenir propriétaire grâce à l'aide des tantes fortunées de son épouse.
Le couple aura deux enfants André (le 26 octobre 1905) et Jeanne (le 29 novembre 1907).





La maison Le Brun en 2011

C'est dans cette maison qu'il peint quelques-uns de ses plus beaux intérieurs intimistes.


coll. et photo Musée d'Ixelles


La commune de Theux est au pied de la Fagne, il peindra l'un et l'autre jusqu'à la fin de sa vie.
                                                                                                                                                 

La Ferme de la Haase - 1913 - aquarelle et pastel - 39 x 104 - coll. privée

GLB se rendait régulièrement à Sancourt (Nord-Pas-de-Calais) dans la famille de sa femme. Il y a peint ce champ labouré et plusieurs scènes familiales.


                   coll. Musées de Verviers


 Il y fait la connaissance du peintre-collectionneur de Douai, Henri Duhem, ami de Auguste Rodin et de Henri-Eugène Le Sidaner. Duhem était très lié aux peintres de l'école d'Etaples où Le Brun a croqué ce beau dessin.

Une petite fille du peuple - 1910 - fusain - 38 x 19 - photo et coll privée Espagne



Alice et Olga Fettweis, Nathalie et Georges Le Brun, Armand Delcour (père de Pierre) vers 1910

A partir de 1908, Maurice Pirenne, Georges Le Brun, Philippe Derchain et Pierre Delcour exposent régulièrement ensemble surtout à Verviers. En 1911, l'exposition en compagnie d'Auguste Donnay à Bruxelles est une révélation.

L'unique photo connue qui rassemble Le Brun (a g), Pirenne (2me à g) et Derchain (5me à g) vers 1900 (coll. privée)
 a probablement été prise chez les Pirenne à Verviers
(on y reconnaît la soeur Josèphine et deux cousines de Maurice Pirenne)

En 1914, la guerre éclate. De nature chevaleresque, Le Brun s'engage. Pirenne tente de le faire renoncer à son projet, en vain.



Une des dernières photos de GLB debout à droite



Sa fille Jeanne écrit : le 2 août, son ami Pierre Delcour le conduisit en auto de Theux vers Liège. Au-dessus de Mont-Theux, ils furent arrêtés par des gendarmes, l'auto dut rebrousser chemin. Le Brun continua à pied. Il y eut quelques lettres à sa femme, à ses parents, puis le 26 octobre 1914, il disparut à l'Yser. Il avait 41 ans.


Le dernier tableau de GLB La Haute Fagne -1914 - aquarelle et pastel - 67 x 255 - coll. Musées de Verviers

La disparition de Le Brun marqua profondément la vie artistique verviétoise. Ses compagnons de route Pirenne, Derchain, Delcour lui vouèrent un véritable culte. Pirenne organisa la rétrospective de 1920. Derchain peignit son fameux triptyque "Ad majorem Germaniae gloriam facinus" en sa mémoire (aujourd'hui malheureusement démantelé) et lui réserva une place d'honneur lors de l'exposition sur les peintres verviétois en 1930. Delcour et Herve le considérèrent comme leur maître - Delcour préfaça le catalogue de la rétrospective de 1936 - et Gérard s'en inspira beaucoup. S'il n'y eut pas vraiment de chef de file de l'école intimiste verviétoise, Le Brun en incarna, sans conteste, l'esprit.

Oeuvres
  • Musées communaux de Verviers (Belgique)
  • Musée d'Ixelles (Belgique)
  • Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles
  • Musée d'Orsay à Paris
  • Collections privées en Belgique, France, Etats-Unis, Canada, Espagne


Ouvrages sur G. Le Brun :
  •  Georges Le Brun sa vie de peintre   par Maurice Pirenne, Aug. Nicolet, Verviers 1920 (épuisé)


  • Georges Le Brun, le peintre de la Fagne par Emile Desprechins, G. van Oest 1925 (épuisé)


  • Contibution à l'étude du symbolisme : l'oeuvre de Georges Le Brun, mémoire de Natacha Langerman ULB Bruxelles Faculté de Philosophie et Lettres 1992

  • Les intimistes verviétois de Georges Schmits, éditions La Dérive, Verviers 1997



  
Photos des tableaux J. Spitz, sauf mention
Tous les documents photographiques proviennent de la famille, sauf ceux indiqués "coll. privée"